Le franc Poincaré (1928..)

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R. PoincaréSous certains aspects, la monnaie française semble avoir relativement bien traversé la Grande Guerre. Entre 1914 et la fin 1918, le franc a perdu moins de 5% de sa valeur vis-à-vis du dollar et de la livre et les réserves or de la Banque de France se sont accrues d'un milliard de francs. Mais les apparences sont trompeuses. Une forte hausse de prix a érodé le pouvoir d'achat de la monnaie et le pays n'a jamais été aussi lourdement endetté. Dès 1919, la solidarité financière qui s'était établie entre les alliés cesse et il devient clair que la France ne bénéficiera d'aucune remise sur ses dettes de guerre. L'illusion que "l'Allemagne paiera" dispense des sacrifices nécessaires à un assainissement des finances publiques. Mais la mauvaise volonté allemande à payer puis l'effondrement du mark montrent vite la vanité d'un tel espoir.

Les attaques contre le franc se multiplient.
En 1926, le nouveau gouverneur de la Banque de France, Emile Moreau écrit : "Personne ne veut plus de billets. C'est un sauve-qui-peut général. Il n'y a plus une minute à perdre. Si l'on veut encore sauver le franc, il faut, à bref délai, renverser la situation psychologique du pays".
L'arrivée au ministère des Finances de l'ancien Président du Conseil, Raymond Poincaré, va permettre ce renversement. La contre-attaque s'organise. Un vif débat oppose alors les revalorisateurs, qui veulent un retour au franc d'avant-guerre, aux stabilisateurs, qui jugent un tel retour dangereux pour l'économie. Après 18 mois de bataille interne, la stabilisation l'emporte.

Le 25 juin 1928, le franc Poincaré est officiellement défini à 65,5 milligrammes d'or au titre de 900 millièmes. Comparé au franc germinal la dévaluation approche les 80% : c'est "le franc à quatre sous".

Conséquence de cette réforme, on procède au retrait des monnaies d'or et d'argent. La Semeuse de Roty disparaît ; il faudra attendre le Nouveau Franc pour son retour et la réapparition d'une pièce d'argent dans la circulation.

La stabilisation Poincaré a mis fin aux déboires du franc aux lendemains de la Grande Guerre.

Les difficiles années 1930
La réévaluation de l'encaisse or de la Banque de France permet de liquider le problème de ses avances à l'Etat. Les finances publiques sont redevenues excédentaires et la compétitivité de l'industrie française est aidée par une relative sous-évaluation du franc Poincaré.
La France se croit épargnée par la crise qui éclate un certain "jeudi noir" d'octobre 1929. Mais cette force financière retrouvée ne va pas durer.

Face à la crise qui les frappe, les pays, les uns après les autres, en commençant par la Grande-Bretagne, laissent leurs monnaies se déprécier. En 1933, le dollar décroche à sont tour par rapport à l'or.
La France, attachée au bloc-or, voit sa monnaie devenir surévaluée et se coupe des reprises mondiales de 1933 et 1936. Les conséquences économiques et sociales de la politique mise en œuvre s'expriment dans la vie politique et, en 1936, le gouvernement de Front Populaire est formé.

La nouvelle politique économique et sociale n'est guère de nature à garantir la stabilité monétaire. Le franc Poincaré entre dans la tourmente...

Le 1er octobre 1936, on décide que le franc peut désormais fluctuer entre 43 et 49 milligrammes d'or, soit une dévaluation de 25 à 34%. Fin juin 1937, un décret-loi supprime la référence à l'or. Le 4 mai 1938 une nouvelle référence est donnée par rapport à la livre sterling, elle-même décrochée de l'or. Six mois plus tard, une définition or est redonnée à 27,5 milligrammes. Avec la "drôle de guerre", la chute se poursuit et le franc ne vaut plus que 23,34 milligrammes d'or au titre de 900 millièmes (soit 21 mg d'or fin) en février 1940.

Le franc Poincaré a vécu. En cinq ans, il a perdu les deux tiers de sa valeur.

Dans le souvenir des français, les années trente resteront celles des pièces percées. Ces monnaies de faibles valeurs faciales (5, 10 et 25 centimes) ont vu le jour pendant la Première Guerre Mondiale sous le burin du graveur Lindauer. Initialement frappées en nickel, elles sont fabriquées dans un alliage de cuivre et nickel durant les dernières années de la guerre, puis en maillechort (alliage de cuivre, zinc et nickel) à partir de 1938 ; durant la Seconde Guerre Mondiale, le zinc remplacera même cet alliage pour la pièce de 10 centimes.

Source: sceco.univ-poitiers.fr

Les monnaies

xxxxxxxxxxxxxxxxx xxxxxxxxxxxxxxxxx 5 Centimes LINDAUER en MAILLECHORT
Date : 1939 ; 52.675.000 ex. (pour un total de fabrication de 75.000.000 ex. de 1938 à 1939)
Maillechort ; 17 mm ; 0g *********** (théorique 1.50g)
Circulation : jusqu'en 1940
Tranche lisse
Avers : R F de part et d'autre d'un trou central bordé d'une trace de listel, sous un bonnet phrygien à gauche orné d'une cocarde tricolore (centre guilloché, cercle lisse, cercle guilloché), le tout dans une couronne ouverte composée d'une branche de chêne en deux rameaux ; au-dessous EM. LINDAUER ; le listel extérieur est doublé d'un ruban continu et dextrogyre reprenant la forme d'un épi de blé.
Revers : LIBERTÉ ∙ ÉGALITÉ / FRATERNITÉ // 5 CMES (non souligné) au-dessus et de part et d'autre d'un trou central bordé d'une trace de listel entouré par une branche d'olivier en deux rameaux dont la base coupe le millésime placé à six heures ; le listel extérieur est doublé d'un ruban continu et dextrogyre reprenant la forme d'un épi de blé.
Références : F.123 G.171
x x 10 Centimes LINDAUER en MAILLECHORT
Date : 1939 ; 62.268.000 ex. (pour un total de fabrication de 86.420.000 ex. de 1938 à 1939)
Maillechort ; 21 mm ; 0g *********** (théorique 3g)
Circulation : jusqu'en 1946
Tranche lisse
Avers : R F de part et d'autre d'un trou central bordé d'une trace de listel, sous un bonnet phrygien à gauche orné d'une cocarde tricolore (centre guilloché, cercle lisse, cercle guilloché), le tout dans une couronne ouverte composée d'une branche de chêne en deux rameaux ; au-dessous EM. LINDAUER ; le listel extérieur est doublé d'un ruban continu et dextrogyre reprenant la forme d'un épi de blé.
Revers : LIBERTÉ ∙ ÉGALITÉ / FRATERNITÉ // 10 CMES (non souligné) au-dessus et de part et d'autre d'un trou central bordé d'une trace de listel entouré par une branche d'olivier en deux rameaux dont la base coupe le millésime placé à six heures ; le listel extérieur est doublé d'un ruban continu et dextrogyre reprenant la forme d'un épi de blé.
Références : F.139 G.287
x x 25 Centimes LINDAUER en MAILLECHORT
Date : 1939 ; 43.000.000 ex. (pour un total de fabrication de 51.600.000 ex. de 1938 à 1940)
Maillechort ; 24 mm ; 0g *********** (théorique 4g)
Circulation : jusqu'en 1941
Tranche lisse
Avers : R F de part et d'autre d'un trou central bordé d'une trace de listel, sous un bonnet phrygien à gauche orné d'une cocarde tricolore (centre guilloché, cercle lisse, cercle guilloché), le tout dans une couronne ouverte composée d'une branche de chêne en deux rameaux ; au-dessous EM. LINDAUER ; le listel extérieur est doublé d'un ruban continu et dextrogyre reprenant la forme d'un épi de blé.
Revers : LIBERTÉ ∙ ÉGALITÉ / FRATERNITÉ // 25 CMES (non souligné) au-dessus et de part et d'autre d'un trou central bordé d'une trace de listel entouré par une branche d'olivier en deux rameaux dont la base coupe le millésime placé à six heures ; le listel extérieur est doublé d'un ruban continu et dextrogyre reprenant la forme d'un épi de blé.
Références : F.172 G.381
x x 50 Centimes MORLON
Date : 1939 ; 96.600.000 ex. (pour un total de fabrication de 527.000.000 ex. de 1931 à 1941 et en 1947)
Bronze-aluminium ; 18 mm ; 0g *********** (théorique 2g)
Circulation : jusqu'en 1949
Tranche lisse
Avers : REPVBLIQVE FRANÇAISE ; Buste drapé de la République aux cheveux courts à gauche, coiffée d'un bonnet phrygien orné d'une cocarde tricolore (centre guilloché, cercle lisse, cercle guilloché), sous une couronne composite de blé, chêne et olivier, nouée par un ruban ; sous le ruban MORLON.
Revers : LIBERTE - EGALITE / FRATERNITE ; 50 / CENTIMES en deux lignes au-dessus du millésime encadré des différents, le tout entre deux cornes d'abondance symétriquement opposées.
Références : F.192 G.423
x x 1 Franc MORLON
Date : 1933 ; 15.357.000 ex. (pour un total de fabrication de 312.582.000 ex. de 1931 à 1941)
Bronze-aluminium ; 23 mm ; 0g *********** (théorique 4g)
Circulation : jusqu'en 1949
Tranche lisse
Avers : REPVBLIQVE FRANÇAISE ; Buste drapé de la République aux cheveux courts à gauche, coiffée d'un bonnet phrygien orné d'une cocarde tricolore (centre guilloché, cercle lisse, cercle guilloché), sous une couronne composite de blé, chêne et olivier, nouée par un ruban ; sous le ruban MORLON.
Revers : LIBERTE - EGALITE / FRATERNITE ; 1 / FRANC en deux lignes au-dessus du millésime encadré des différents, le tout entre deux cornes d'abondance symétriquement opposées.
Références : F.219 G.470
x x 2 Francs MORLON
Date : 1940 ; 9.715.000 ex. (pour un total de fabrication de 129.600.000 ex. de 1931 à 1941)
Bronze-aluminium ; 27 mm ; 0g *********** (théorique 8g)
Circulation : jusqu'en 1949
Tranche lisse
Avers : REPVBLIQVE FRANÇAISE ; Buste drapé de la République aux cheveux courts à gauche, coiffée d'un bonnet phrygien orné d'une cocarde tricolore (centre guilloché, cercle lisse, cercle guilloché), sous une couronne composite de blé, chêne et olivier, nouée par un ruban ; sous le ruban MORLON.
Revers : LIBERTE - EGALITE / FRATERNITE ; 2 / FRANCS en deux lignes au-dessus du millésime encadré des différents, le tout entre deux cornes d'abondance symétriquement opposées.
Références : F.268 G.535
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5 Francs BAZOR
Date : 1933 ; 160.000000 ex. fabriqués uniquement en 1933 (voir explication ci-dessous).
Nickel ; 24 mm ; 0g *********** (théorique 6g)
Circulation : jusqu'en 1937
Tranche cannelée
Avers : REPVBLIQVE FRANÇAISE ; Buste drapé de la République aux cheveux courts à droite, coiffée d'un bonnet phrygien ; 19/33 sur le buste ; au-dessous L. BAZOR
Revers : LIBERTE / EGALITE / FRATERNITE / 5 / FRANCS en cinq lignes au-dessus d'une grappe de raisins reposant sur une branche d'olivier à gauche, une de chêne à droite et trois épis de blé de chaque côté.
Références : F.335 G.753

Cette pièce fut surnommée "Bedoucette" du nom d'Albert Bedouce, membre influent de la Commission des Finances de l'époque, décrié par ses adversaires politiques à propos de cette petite pièce provisoire peu populaire.

Le rejet de cette petite pièce par le public ne doit rien au travail du graveur mais certainement au diamètre de son oeuvre (diamètre qui sera effectivement augmenté avec le type suivant, Lavrillier). En 1933, les gens n'avaient encore pas oublié les 5 francs d'avant-guerre, écus d'argent de 37 mm, et retrouver leurs 5 francs sous la forme d'un nickel de 24 mm montrait cruellement l'effondrement du Franc. La "Bedoucette" fit les frais de cette rpise de conscience.

x x 5 Francs LAVRILLIER en NICKEL
Date : 1933 ; 57.000.000 ex. (pour un total de fabrication de 118.000.000 ex. de 1933 à 1939)
Nickel ; 31 mm ; 0g *********** (théorique 12g)
Circulation : jusqu'en 1939
Tranche lisse
Avers : REPVBLIQVE FRANÇAISE ; Tête laurée de la République aux cheveux longs à gauche ; au-dessous signé A. LAVRILLIER le long du listel.
Revers : RF / 5 / FRANCS en trois lignes dans le champ au-dessus du millésime encadré des différents, le tout dans une couronne de laurier ornée de sept bagues.
Références : F.336 G.760
x x 5 Francs LAVRILLIER en BRONZE-ALUMINIUM
Date : 1940 ; 8.200.000 ex. (pour un total de fabrication de 55.800.000 ex. de 1938 à 1940 et de 1945 à 1947)
Bronze-aluminium ; 31 mm ; 0g *********** (théorique 12g)
Circulation : jusqu'en 1950
Tranche lisse
Avers : REPVBLIQVE FRANÇAISE ; Tête laurée de la République aux cheveux longs à gauche ; au-dessous signé A. LAVRILLIER le long du listel.
Revers : RF / 5 / FRANCS en trois lignes dans le champ au-dessus du millésime encadré des différents, le tout dans une couronne de laurier ornée de sept bagues.
Références : F.337 G.761
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10 Francs TURIN
Date : 1930 ; 37.000.000 ex. (pour un total de fabrication de 234.600.000 ex. de 1929 à 1939)
Argent 680 ‰ ; 28 mm ; 0g *********** (théorique 10g)
Circulation : jusqu'en 1945
Tranche cannelée
Avers : REPUBLIQUE FRANÇAISE ; Tête de la République aux cheveux courts à droite, coiffée d'un bonnet phrygien lauré ; signé P. TURIN sous le cou le long du listel.
Revers : 10 / FRANCS / (millésime) / LIBERTE / EGALITE / FRATERNITE entre deux épis de blé verticaux, faciale et millésime, encadré des différents, en trois lignes, séparés de la triade républicaine, également en trois lignes, par deux feuilles des épis se rejoignant.
Références : F.360 G.801

Avec quelques années d'avance sur le type précédent (5 francs LAVRILLIER), cette Marianne est la première de notre histoire numismatique à être couronnée de lauriers.

x x 20 Francs TURIN
Date : 1933 ; 24.450.000 ex. (pour un total de fabrication de 51.600.000 ex. de 1929 à 1939)
Argent 680 ‰ ; 35 mm ; 0g *********** (théorique 20g)
Circulation : jusqu'en 1945
Tranche cannelée
Avers : REPUBLIQUE FRANÇAISE ; Tête de la République aux cheveux courts à droite, coiffée d'un bonnet phrygien lauré ; signé P. TURIN sous le cou le long du listel.
Revers : 20 / FRANCS / (millésime) / LIBERTE / EGALITE / FRATERNITE entre deux épis de blé verticaux, faciale et millésime, encadré des différents, en trois lignes, séparés de la triade républicaine, également en trois lignes, par deux feuilles des épis se rejoignant.
Références : F.400 G.852

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